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SIAE 2025

SIAE 2025

Le SIAE du Bourget est un rendez-vous incontournable du monde de l’aéronautique et du spatial.

L’édition 2025 promettait d’être exceptionnelle, elle le fut à bien des égards.

Ci-dessous, une brève synthèse de nos deux jours de visite et de pas mal de rendez-vous effectués auprès des acteurs de l’industrie.

 

Le marché de l’aéronautique, civil et défense, est globalement très bon.

Les carnets de commandes sont pleins pour les grands donneurs d’ordres

Airbus : entre 800 et 850 appareils à livrer en 2025 et le même volume estimé en 2026

Airbus Hélicoptères : estimation autour de 380 à 400 appareils à livrer en 2025 et sensiblement le même volume en 2026

Dassault : 25 Rafale en 2025 et 30 à 40 appareils en 2026

 

 

Concernant l’export, la demande est très forte aussi. Avec l’arrivée massive de la demande de drones, les industriels de rang 1 et 2 doivent faire face à un forte augmentation de leurs cadences.

 

En clair, nous sommes sur un marché très porteur mais :

Airbus doit faire face à des problèmes avec certains de ses fournisseurs (motoriste (Pratt & Whitney) et fuselage (Aérosystems) par exemple) qui ralentissent l’ensemble de la chaine, rien ne sert de forcer les cadences sur les autres composants si on n’est pas en mesure d’assembler l’ensemble.

 

De même, des problèmes de cash sont très fréquents chez les fournisseurs de rang 1 et 2.

En effet, les temps de cycles très longs engendrent des engagement importants que la trésorerie des fournisseurs ne peut supporter indéfiniment.

Afin de remédier à ces problèmes récurrents certains se voient obligés soit d’ouvrir leur capital (notamment à des groupes étrangers), soit d’emprunter (création de dette pas spécialement utile) soit (cela peut arriver) de « forcer » certaines livraisons à leurs clients (avec leur accord tacite naturellement).

 

Une fois ce cadre posé, nous retenons plusieurs points marquants du SIAE 2025 :

* Le marché est porteur

* Les drones sont très présents

* Les acteurs asiatiques (hall 2 et hall 4) sont très très présents, notamment les acteurs chinois qui arrivent en force

* Les projets de digitalisation sont mis en stand by (parfois même des POC à 7k€ ne sont pas lancés faute de moyens)

* Les acteurs industriels (ETI et PME) sont dans l’expectative des grands donneurs d’ordres qui ne leur transmettent pas les commandes sur tout l’horizon

* Les fournisseurs de rang 1 et 2 ne peuvent donc anticiper leur activité

 

Tous les acteurs rencontrés remontent les même problèmes dans des termes à peu près similaires et font ressortir que, bien que des efforts aient été menés ces dernières années, la situation industrielle reste relativement fragile.

 

A cela, on peut ajouter un point crucial qui touche le tissu industriel même d’un point de vue macroscopique :

L’anticipation de l’arrivée d’acteurs asiatiques tels que comac sur le marché mondial va engendrer des mouvements très forts de l’industrialisation vers des pays ou les coûts sont plus bas, et donc une compétition accrue.

Ces mouvements, anticipés freinent le déploiement des investissements nécessaires à l’augmentation de la compétitivité. La boucle est ainsi bouclée.

 

Maintenant que faire ?

Nous sommes convaincus que des solutions existent.

Ces solutions sont de plusieurs natures :

* Organisationnelles

* Techniques

* Financières

 

Organisationnelles car les industriels de rang 1 et 2, essentiellement des ETI et PME, doivent travailler sur leur efficience et leur flexibilité pour faire face aux à coups générés par la variabilité de la demande client.

En effet, ces petites structures n’ont pas nécessairement les moyens de payer des fonctions support critiques, par exemple ADV qui pourtant sert d’interface entre la supply chain, la production, la finance, et naturellement les clients.

 

Techniques, par la mise en oeuvre de solutions relativement peu coûteuses pour digitaliser une partie leurs opérations sans se lancer dans des projets IT coûteux et dont l’issue peut être incertaine (ERP, MES etc…), mais aussi en s’affranchissant de l’aspect IT (prenons l’exemple de la solution sigscan, qui permet pour une somme extrêmement faible, de suivre les caisses de pièces et les OFs dans les ateliers).

De même, les interconnexions entre systèmes (que la grande distribution maîtrise depuis les années 80) ne sont plus une option. Il apparaît crucial de mettre en oeuvre toute une batterie de solutions simples et robustes pour gagner en visibilité et en flexibilité.

 

Financières, le nerf de la guerre, car trop de sous traitants doivent faire face à des difficultés pour « faire rentrer » le cash. Et souvent, beaucoup d’entre eux n’ont même pas posé la question à leur client (Dassault, Airbus, Safran, MBDA ….) du paiement d’un acompte permettant d’engager les dépenses. Mieux encore, certains stocks peuvent très bien être à la charge du client et stockés chez les sous-traitants.

Ces quelques solutions permettraient d’alléger le poids financier porté par les sous-traitants, sachant que, bien souvent, les capitaux de ces sous-traitants, sont ceux des donneurs d’ordres, à travers Tikehau notamment.

 

En synthèse, on voit que la demande est là, que les acteurs asiatiques arrivent à grands pas, qu’il y a des gains de compétitivité à effectuer sur l’ensemble de la chaine de valeur mais que malheureusement, il reste une certaine frilosité. Pourtant, dans le secteur de La Défense en particulier, le sommet de l’OTAN de la semaine dernière montre qu’il y a de belles perspectives.

Il appartient donc aux acteurs majeurs du secteur de clarifier certains points afin que les montées en cadences deviennent une réalité et non un voeu pieux.

 

Nous croyons fortement que des solutions existent et qu’avec une approche pragmatique, et la décomposition des « grands sujets » en sous-projets au ROI plus rapide, il est possible, dans un délai acceptable, d’aller vers la mise à disposition des aéronefs et équipements dont les compagnies et les pays ont tant besoin.

 

 

Renaud Danière

rdaniere@ceekeys.com

+33 675 197 885